Publié le 15 mai 2024

Contrairement à une simple radio de secours, la VHF est un écosystème de communication complet qui transforme l’incertitude en maîtrise et assure votre sécurité proactivement.

  • Le canal 16 n’est pas qu’un canal de détresse, c’est une veille permanente qui crée un réseau d’entraide entre tous les navires.
  • La VHF sert de « conciergerie maritime » pour obtenir la météo, contacter un port ou échanger des informations, bien au-delà des seules urgences.
  • L’électronique, notamment le bouton ASN/DSC, est votre meilleure assurance en automatisant l’envoi des informations vitales en cas de détresse grave.

Recommandation : Intégrez l’usage de la VHF dans vos routines de navigation quotidiennes, même pour des communications simples, afin de bâtir les réflexes qui garantiront votre sécurité.

Pour le nouveau titulaire du permis bateau, la radio VHF ressemble souvent à un instrument complexe et intimidant. Installée sur sa console, elle clignote, silencieuse, perçue comme un extincteur : un objet qu’on est soulagé d’avoir mais qu’on espère ne jamais avoir à utiliser. Cette appréhension est normale. On vous a enseigné les procédures d’urgence, les mots-codes qui sonnent comme des formules graves et définitives. Résultat, beaucoup de plaisanciers n’osent pas toucher à leur radio, de peur de mal faire, de dire la mauvaise chose ou de déranger les secours pour rien. La VHF devient alors un simple équipement réglementaire, passif et muet.

Pourtant, cette vision est incroyablement réductrice. Et si la véritable clé de la sécurité en mer n’était pas de connaître par cœur les procédures d’urgence, mais de considérer sa VHF comme un allié de tous les instants ? Si cet appareil était en réalité votre réseau social local, votre fil d’actualité en temps réel et votre service de conciergerie personnel ? C’est tout l’enjeu de la maîtrise de la communication en mer : transformer un outil de réaction en un instrument de confiance proactive. Il ne s’agit pas seulement de savoir crier « MAYDAY », mais de savoir demander la météo, appeler une capitainerie pour réserver une place, ou simplement échanger une information de sécurité avec un bateau voisin.

Cet article a été conçu par un formateur pour vous dédramatiser l’usage de la VHF. Nous allons décomposer ensemble ses fonctions, non pas comme des règles à apprendre, mais comme les clés d’un réseau vivant et solidaire. De la veille essentielle du canal 16 aux appels de routine, en passant par le décryptage des bulletins météo et le choix du bon équipement, vous découvrirez comment faire de votre radio le véritable système nerveux de votre navigation, un gage de sérénité et de contrôle à chaque sortie.

Ce guide est structuré pour vous accompagner pas à pas, des fondamentaux de la veille aux usages les plus pratiques de votre VHF. Découvrez comment transformer cet appareil intimidant en votre plus fidèle copilote en mer.

Canal 16 : pourquoi il doit être en veille permanente (et quand vous avez le droit de l’utiliser)

Le canal 16 est le pilier de la sécurité en mer, mais beaucoup le perçoivent uniquement comme le « canal du MAYDAY ». C’est une erreur. Il faut le voir comme la place du village maritime : c’est là que tout le monde écoute et où les informations importantes sont annoncées. La veille permanente du canal 16 n’est pas une contrainte, c’est votre connexion au réseau d’entraide des gens de mer. En écoutant, vous n’êtes plus seul ; vous êtes informé des dangers potentiels (un objet flottant, une alerte météo) et vous pouvez être le premier maillon d’une chaîne de secours pour un autre navire en difficulté.

Cette responsabilité collective est d’ailleurs de plus en plus encadrée. Par exemple, la réglementation française a évolué pour imposer cette bonne pratique. En effet, depuis le 1er janvier 2025, la veille permanente du canal 16 est obligatoire pour tout navire équipé d’une VHF. Ne pas assurer cette veille, si l’on est le navire le plus proche d’un accident, peut même être considéré comme une non-assistance à personne en danger. La plupart des VHF modernes disposent d’une fonction « Dual Watch » (ou double veille) qui vous permet de surveiller le canal 16 tout en écoutant un autre canal de votre choix, comme celui d’une capitainerie ou un canal de discussion entre navires.

Radio VHF marine montrant la fonction double veille avec le canal 16 actif

Concrètement, quand avez-vous le droit d’émettre sur le 16 ? Son usage est strictement réservé à trois situations : les appels de détresse, d’urgence ou de sécurité, l’appel initial d’un autre navire ou d’une station côtière avant de basculer sur un autre canal (dit « de dégagement »), et pour répondre à l’un de ces appels. Toute conversation, même courte, doit immédiatement migrer vers un canal de travail (comme le 6, 8, 72 ou 77) pour laisser le 16 libre. Pensez-y comme à une ligne téléphonique d’urgence : on l’utilise pour établir le contact, puis on libère la ligne.

MAYDAY, PAN PAN, SÉCURITÉ : 3 mots pour 3 niveaux d’urgence, ne vous trompez pas

L’une des plus grandes craintes du plaisancier débutant est de « mal dire » un message d’urgence. Pourtant, ces trois termes ne sont pas des formules magiques intimidantes, mais un langage de précision conçu pour être universellement compris et déclencher une réponse adaptée. Il s’agit d’un dialogue gradué qui permet aux secours et aux autres navires de comprendre instantanément la gravité de votre situation. Connaître la différence n’est pas un examen, c’est simplement savoir comment demander de l’aide de la manière la plus efficace possible.

Le MAYDAY est le niveau le plus élevé. Il est exclusivement réservé aux situations de danger grave et imminent pour des vies humaines. On parle ici d’un incendie incontrôlable, d’une voie d’eau majeure, d’un naufrage ou d’un abandon de navire. Il confère une priorité absolue sur toutes les communications. Le PAN PAN (prononcé « panne panne ») signale une situation d’urgence où il n’y a pas de danger immédiat pour la vie. Exemples typiques : une panne moteur vous laissant à la dérive, un démâtage sans blessé grave, ou un membre d’équipage nécessitant une évacuation médicale non-immédiate. Enfin, le message de SÉCURITÉ (prononcé « sécurité ») est un message d’information important pour la sécurité de la navigation. Il peut s’agir de signaler un conteneur à la dérive, une bouée éteinte, ou de diffuser un bulletin météorologique urgent (BMS).

Pour clarifier ces distinctions, voici un tableau récapitulatif qui vous servira de mémo. L’objectif est de choisir le bon message pour obtenir l’aide la plus appropriée, sans déclencher une opération de secours surdimensionnée pour une simple panne.

Les trois niveaux d’appels d’urgence en mer
Type d’appel Situation Message type Priorité
MAYDAY Danger grave et imminent, vies en péril MAYDAY x3 + nom bateau x3 Priorité absolue
PAN PAN Urgence sans danger immédiat (panne, blessé) PAN PAN x3 + nom bateau x3 Priorité 2
SÉCURITÉ Message de sécurité (danger navigation, météo) SÉCURITÉ x3 + nom bateau x3 Priorité 3

La VHF, votre concierge en mer : comment appeler une capitainerie ou obtenir la météo

Réduire la VHF à un outil d’urgence, c’est passer à côté de 90% de son utilité. Pensez-y plutôt comme votre concierge personnel en mer. C’est l’outil qui va fluidifier votre navigation et vous apporter un confort et une sérénité que nulle application mobile ne peut garantir. Vous arrivez dans un port que vous ne connaissez pas ? Inutile de chercher un numéro de téléphone qui ne répondra peut-être pas. Un appel VHF sur le canal 9, le canal dédié aux capitaineries, suffit pour demander une place, connaître les conditions d’accès ou les services disponibles.

De même, la VHF est votre source d’information la plus fiable pour la météo. Les bulletins émis par les CROSS (Centres Régionaux Opérationnels de Surveillance et de Sauvetage) sont diffusés à heures fixes, trois fois par jour, sur des canaux dédiés après une annonce sur le canal 16. C’est une information officielle, précise et adaptée à votre zone de navigation. Vous pouvez aussi contacter les sémaphores sur le canal 10 pour obtenir des observations locales en temps réel, ou des informations sur des dangers spécifiques signalés par les AVURNAV (Avis Urgents aux Navigateurs).

Navigateur utilisant une VHF portable dans le cockpit d'un voilier

Et pour la communication entre navires ? C’est aussi simple. Après un bref appel sur le canal 16 pour établir le contact (« *Nom du bateau* pour *Nom du bateau* sur le seize »), on bascule immédiatement sur un canal de dégagement comme le 6, 8, 72 ou 77 pour échanger des informations (conditions de mouillage, conseils sur un passage délicat, etc.). Utiliser sa VHF pour ces communications de routine est le meilleur entraînement possible. Cela dédramatise l’appareil, vous familiarise avec la procédure d’appel et renforce votre confiance. La prochaine fois que vous aurez besoin d’appeler un port, n’hésitez pas : vous ne dérangez personne, vous utilisez l’outil pour lequel il a été conçu.

Votre annuaire VHF essentiel

  1. Canal 16 : Veille permanente pour la détresse, la sécurité et l’appel initial. C’est la ligne d’urgence et le standard.
  2. Canal 9 : Le canal des ports de plaisance. Utilisez-le pour contacter les capitaineries.
  3. Canaux 6, 8, 72, 77 : Canaux de communication de navire à navire. À utiliser après un premier contact sur le 16.
  4. Canal 10 : Le canal des sémaphores. Pour des informations de trafic et des observations météo locales.
  5. Canaux météo dédiés (63, 79, 80…) : Écoutez-les aux heures de diffusion des bulletins pour une météo fiable et officielle.

VHF fixe ou portable ? Le guide pour choisir la radio adaptée à votre bateau

La question du choix entre une VHF fixe et une VHF portable est centrale. La réponse n’est pas l’une OU l’autre, mais souvent l’une ET l’autre, car elles ne répondent pas aux mêmes besoins. Comprendre leurs différences est essentiel pour équiper son bateau de manière intelligente et sécuritaire. Le critère principal qui les distingue est la puissance d’émission, qui conditionne directement la portée.

La VHF fixe est l’élément central de votre station radio. Alimentée par la batterie du bord et connectée à une antenne installée en tête de mât ou sur un point haut, elle bénéficie d’une puissance maximale de 25 watts. Cela lui confère une portée théorique de 20 à 25 milles (environ 40-45 km), faisant d’elle l’outil indispensable pour la navigation côtière et au-delà. C’est elle qui vous assure la liaison la plus fiable et la plus lointaine avec les stations côtières et les autres navires. Son installation est obligatoire sur tout navire s’éloignant à plus de 6 milles d’un abri.

La VHF portable, quant à elle, est un appareil autonome, compact et fonctionnant sur sa propre batterie. Sa puissance est limitée à 5 ou 6 watts, lui donnant une portée bien plus faible, de l’ordre de 5 milles au maximum. Son rôle est complémentaire. Elle est parfaite pour être emportée dans le cockpit, utilisée depuis une annexe, ou surtout, placée dans le « grab bag » (le sac de survie à saisir en cas d’évacuation). Son autonomie et sa mobilité en font un outil de sécurité redondant vital. Il est d’ailleurs à noter qu’une VHF portable est obligatoire en plus de la VHF fixe pour toute navigation au-delà de 60 milles d’un abri, selon la réglementation française de la plaisance. Le tableau suivant synthétise les caractéristiques de chacune.

VHF fixe vs VHF portable : caractéristiques et usages
Critère VHF Fixe VHF Portable
Puissance 25 watts 5-6 watts max
Portée 20-25 milles 5 milles environ
Usage idéal Navigation côtière et hauturière Annexe, secours, grab bag
Étanchéité Variable Généralement IP67
Obligation Dès 6 milles d’un abri Obligatoire au-delà de 60 milles

VHF, 4G, téléphone satellite : quel moyen de communication pour quelle zone de navigation ?

À l’heure du smartphone omniprésent, de nombreux plaisanciers se demandent si la VHF est encore pertinente. La réponse est un oui catégorique, car chaque moyen de communication a son propre domaine d’efficacité. Le téléphone portable, la VHF et le téléphone satellite ne sont pas concurrents, mais complémentaires. Le secret est de savoir lequel utiliser, et quand.

Le téléphone portable (4G/5G) est utile, mais sa fiabilité est limitée en mer. Sa portée dépend entièrement de la proximité des antennes relais terrestres. Près des côtes, il peut fonctionner pour un appel rapide (le 196 pour le CROSS en France) mais il ne faut jamais compter sur lui. Dès que l’on s’éloigne de quelques milles, le signal devient faible, voire inexistant. Surtout, le téléphone établit une communication de « un à un ». En cas de problème, vous ne pouvez joindre que les secours, pas les bateaux alentour qui sont souvent les plus à même de vous porter assistance rapidement.

La VHF est la reine de la zone côtière, jusqu’à environ 25 milles. Sa force est d’être un système de diffusion « de un à tous ». Un appel sur le canal 16 est entendu par toutes les stations à portée : les secours (CROSS), les sémaphores, mais aussi tous les autres navires, qu’ils soient de pêche, de commerce ou de plaisance. C’est ce maillage qui crée un véritable réseau de sécurité. Le bateau le plus proche, et donc le plus rapide pour intervenir, sera toujours alerté par la VHF, jamais par votre téléphone. Comme le rappelle le Ministère de la Mer dans son guide sur la sécurité :

Même si beaucoup de navigateurs disposent aujourd’hui d’un téléphone portable, la VHF reste un outil incontournable pour assurer sa sécurité en mer. La VHF est une station radio qui peut émettre un appel de manière indépendante d’un réseau de communication.

– Ministère de la Mer, Guide sur la radio VHF et la sécurité maritime

Enfin, pour la navigation hauturière, au-delà de la portée de la VHF, le téléphone satellite devient indispensable. Il permet de passer des appels vocaux ou d’envoyer des messages depuis n’importe quel point du globe. Son coût d’acquisition et de communication reste élevé, le réservant aux grandes traversées. Il rétablit le lien avec la terre mais, comme le téléphone portable, il ne permet pas d’alerter directement les navires sur zone. Le choix du bon outil dépend donc entièrement de votre programme de navigation, la VHF restant la base incontournable pour la majorité des plaisanciers.

Le bouton rouge qui sauve : pourquoi l’électronique est votre meilleure assurance-vie

Sur chaque VHF moderne se trouve un petit capot en plastique protégeant un bouton rouge, souvent marqué « DISTRESS ». Ce n’est pas un gadget. C’est le cœur de la technologie ASN (Appel Sélectif Numérique), ou DSC (Digital Selective Calling) en anglais. Cette fonction a révolutionné la sécurité en mer en éliminant le risque d’erreur humaine dans le stress d’une situation de détresse extrême.

Le principe est simple mais redoutablement efficace. Pour que l’ASN fonctionne, votre VHF doit être couplée à un GPS et programmée avec votre numéro MMSI (Maritime Mobile Service Identity). Ce numéro unique, sorte de « numéro de téléphone » de votre bateau, est délivré gratuitement par l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR). Une fois cette configuration faite, en cas de danger grave et imminent, une simple pression de 5 secondes sur le bouton rouge déclenche un message de détresse numérique et silencieux sur le canal 70, le canal dédié à l’ASN.

Ce message contient automatiquement toutes les informations vitales que vous pourriez avoir du mal à communiquer vocalement sous le choc ou dans le bruit d’une tempête :

  • Votre identité (le numéro MMSI)
  • Votre position GPS exacte
  • L’heure précise de l’envoi (en temps universel UTC)
  • La nature de la détresse (si vous avez eu le temps de la sélectionner)

Ce signal est reçu par tous les navires et stations côtières équipés de l’ASN à portée. Pour les secours comme le CROSS, c’est une information inestimable : ils savent instantanément qui vous êtes, où vous êtes et quand vous avez eu besoin d’aide. Cette automatisation est une véritable assurance-vie. C’est pour cette raison que depuis 2004, l’ASN est obligatoire sur toutes les VHF marines fixes, marquant une évolution majeure pour la sécurité en mer. N’ayez pas peur de ce bouton, mais comprenez sa puissance : il est votre meilleur allié quand tout va mal.

Étude de cas : L’efficacité de l’ASN en situation réelle

Un voilier subit une voie d’eau rapide par gros temps. L’équipage est en état de choc. Au lieu de tenter un message MAYDAY vocal difficile à formuler, le skipper active le bouton DISTRESS. Le CROSS reçoit immédiatement l’alerte avec la position exacte du navire. Simultanément, un cargo situé à 10 milles reçoit aussi l’alerte sur son écran et se déroute pour porter assistance, bien avant l’arrivée de l’hélicoptère des secours. L’ASN a permis une coordination instantanée et efficace en transmettant des données fiables et précises, là où un appel vocal aurait pu être incomplet ou inaudible.

VHF, applis, fichiers GRIB : le guide complet des sources météo pour le plaisancier

La météo est la préoccupation numéro un de tout marin. Aujourd’hui, l’information est surabondante : applications smartphone, sites spécialisés, fichiers GRIB… Face à cette jungle de données, il est crucial d’établir une hiérarchie de confiance. Toutes les sources ne se valent pas, et en mer, une information fiable est un gage de sécurité. Votre VHF est, là encore, au sommet de cette pyramide de fiabilité.

La source la plus officielle et la plus sûre reste le bulletin météo diffusé par les CROSS via la VHF. Ces bulletins, préparés par des prévisionnistes professionnels de Météo-France, sont spécifiquement conçus pour les marins. Ils sont lus à vitesse modérée pour permettre la prise de note et concernent des zones de navigation précises (zones côtières, large, etc.). En cas de phénomène dangereux et soudain, les CROSS émettent un Bulletin Météo Spécial (BMS), diffusé immédiatement après une annonce sur le canal 16. C’est l’alerte ultime, celle qui prime sur tout le reste.

Ensuite viennent les fichiers GRIB. Ce sont des fichiers numériques bruts issus de modèles météorologiques (comme AROME pour la France, ou GFS pour le monde entier). Ils permettent d’afficher le vent, la pression, les vagues, etc., sur une carte dans un logiciel de navigation ou une application. C’est un outil extrêmement puissant pour analyser l’évolution d’une situation, mais il demande de l’expérience. Un fichier GRIB n’est pas une prévision, c’est une sortie de modèle informatique brute qui doit être interprétée. Enfin, les applications météo (spécialisées ou grand public) sont pour la plupart des interfaces qui rendent les fichiers GRIB plus lisibles. Elles sont pratiques, mais il faut garder à l’esprit qu’elles ne font souvent qu’interpréter un modèle, avec parfois un décalage ou une simplification qui peut masquer des phénomènes locaux.

Votre plan d’action pour une météo marine fiable

  1. Écoute des bulletins VHF : Identifiez les heures de diffusion des bulletins du CROSS pour votre zone et prenez l’habitude de les écouter et de les noter.
  2. Analyse des fichiers GRIB : Si vous naviguez régulièrement, formez-vous à la lecture des fichiers GRIB pour comprendre la dynamique globale d’une situation météo.
  3. Consultation des applications : Utilisez les applications spécialisées pour visualiser les tendances, mais confrontez toujours leurs informations avec les bulletins officiels de la VHF.
  4. Vérification locale : Avant de sortir, appelez la capitainerie (canal 9) ou un sémaphore (canal 10) pour avoir un aperçu des conditions réelles sur le plan d’eau.
  5. Observation directe : Levez les yeux ! L’observation du ciel, de l’état de la mer et du baromètre reste une compétence fondamentale du marin.

À retenir

  • La veille du canal 16 est une obligation légale et morale qui vous connecte au réseau d’entraide en mer.
  • Les messages MAYDAY, PAN PAN et SÉCURITÉ sont un langage gradué pour demander l’aide la plus adaptée à votre situation.
  • La VHF est un outil de confort quotidien pour contacter les ports, obtenir la météo et échanger avec d’autres navires.

La VHF : le seul réseau qui ne bugue jamais quand vous en avez vraiment besoin

En résumé, si le téléphone portable et les applications ont leur place dans la sacoche du marin moderne, ils ne pourront jamais remplacer la robustesse et la fiabilité du réseau VHF. Ce système a été pensé et conçu pour l’environnement maritime, avec ses contraintes et ses impératifs. Il ne dépend pas d’antennes relais terrestres surchargées, d’un abonnement 4G ou de la batterie de votre smartphone. C’est un réseau autonome, résilient, dont l’unique fonction est d’assurer la communication pour la sécurité et la vie en mer.

L’efficacité de ce réseau n’est plus à prouver. Les secours en mer reposent entièrement sur lui. Pour prendre la mesure de son importance, le bilan annuel du SNOSAN (Système National d’Observation de la Sécurité des Activités Nautiques) est éloquent. Il révèle par exemple que rien qu’en 2024, on dénombre 8 520 opérations de secours coordonnées par les CROSS, dont plus de 70% concernent la plaisance. La quasi-totalité de ces opérations sont initiées et coordonnées grâce à la VHF. C’est la preuve que ce « vieux » système radio est et demeure le lien le plus solide entre un navire en difficulté et ceux qui peuvent l’aider.

Cette fiabilité repose sur un principe simple : la disponibilité de la fréquence. Comme le souligne une analyse du canal 16, c’est l’efficacité de la veille effectuée par les CROSS et par chaque navire sur l’eau qui garantit le succès du sauvetage. En assurant une veille, vous n’êtes pas un simple spectateur passif, vous êtes un maillon actif de cette grande chaîne de solidarité. Vous êtes une « oreille amie » potentielle pour quelqu’un qui en aura besoin.

En définitive, maîtriser sa VHF, c’est passer du statut de passager de son propre bateau à celui de capitaine pleinement acteur de sa sécurité. Pour transformer ces connaissances en automatismes, l’étape suivante consiste à pratiquer. N’attendez pas une urgence : utilisez votre radio pour les communications de routine, écoutez les bulletins météo, familiarisez-vous avec la phraséologie. Prenez en main votre sécurité en faisant de votre VHF une alliée de chaque instant.

Questions fréquentes sur la communication en mer par VHF

À quelle fréquence les bulletins météo sont-ils diffusés sur VHF ?

Les bulletins météo réguliers sont diffusés 3 fois par jour à heures fixes par les CROSS sur les canaux dédiés, après une annonce sur le canal 16.

Qu’est-ce qu’un Bulletin Météo Spécial (BMS) ?

Un BMS est émis en cas d’aggravation soudaine des conditions météo. Il est diffusé immédiatement sur le canal 16 avec le préfixe SÉCURITÉ.

Les sémaphores peuvent-ils fournir la météo ?

Oui, sur le canal 10, ils peuvent répéter un bulletin météo et donner des observations locales, mais uniquement pendant leurs heures d’ouverture.

Rédigé par Marc Girard, Marc Girard est journaliste essayeur dans le motonautisme depuis 15 ans, avec une expertise reconnue sur les carènes, les motorisations et les équipements électroniques.