
En résumé :
- La majorité des accidents en mer ne sont pas dus au mauvais temps, mais à une cascade de petites erreurs humaines par temps calme.
- La véritable sécurité ne réside pas dans l’équipement obligatoire, mais dans la capacité à anticiper les pannes et à se préparer mentalement aux scénarios « stupides ».
- Un briefing de 3 minutes avant chaque départ et une familiarisation annuelle avec son matériel de sécurité sont plus efficaces que d’avoir le dernier équipement à la mode.
Pour le plaisancier occasionnel, l’image de la sécurité en mer est souvent associée aux récits héroïques de sauvetage dans une mer déchaînée. On pense aux vagues immenses, au vent hurlant, à des situations extrêmes qui semblent lointaines lors d’une sortie estivale sous un soleil radieux. On se rassure en se disant qu’on a bien à bord la liste réglementaire de gilets de sauvetage et de fusées, souvent encore dans leur emballage d’origine. C’est là que réside le plus grand danger : croire que la sécurité est une affaire de gros temps et qu’elle se résume à une simple liste de matériel à cocher.
Cette vision est non seulement incomplète, elle est dangereuse. En tant qu’ancien officier de marine, j’ai appris une leçon fondamentale : 90% des incidents graves en mer ne sont pas des fatalités imprévisibles, mais l’aboutissement logique d’une chaîne d’erreurs humaines qui a commencé bien avant que le ciel ne s’assombrisse. Mais si la véritable clé n’était pas de se préparer à affronter la tempête, mais d’éviter la succession de petites négligences qui transforment une journée parfaite en cauchemar ?
Cet article n’est pas une énième liste de règles. C’est une immersion dans la culture de l’anticipation, celle qui distingue le marin qui subit de celui qui maîtrise. Nous allons décortiquer ensemble l’anatomie d’un accident, de la panne stupide à l’erreur de communication, pour vous donner les outils mentaux et pratiques qui transformeront votre approche de la sécurité. Vous découvrirez comment la préparation mentale, un briefing efficace et une connaissance intime de votre matériel sont vos meilleurs alliés, bien plus que n’importe quel équipement sophistiqué.
Cet article est structuré pour vous guider pas à pas dans cette prise de conscience. Explorez les différentes facettes de la sécurité proactive grâce à notre sommaire détaillé.
Sommaire : Comprendre et maîtriser la sécurité en mer
- Anticiper ou subir : la différence entre un bon et un mauvais marin
- Le gros temps n’est pas l’ennemi, l’impréparation l’est
- L’iceberg de l’erreur humaine : les 5 causes cachées derrière chaque accident en mer
- La panne stupide qui gâche tout : le kit de réparation minimum à avoir à bord
- Le briefing sécurité qui peut sauver votre équipage (et que personne ne fait)
- Comment se repérer en mer quand toute l’électronique vous lâche
- Canal 16 : pourquoi il doit être en veille permanente (et quand vous avez le droit de l’utiliser)
- Votre équipement de sécurité : des objets inutiles qui prennent la poussière ou vos meilleurs alliés en cas de crise ?
Anticiper ou subir : la différence entre un bon et un mauvais marin
En mer, il y a deux catégories de personnes : celles qui réagissent aux événements et celles qui les ont déjà envisagés. La différence ne se mesure pas à la taille du bateau ou à l’expérience affichée, mais à une discipline mentale discrète : la culture de l’anticipation. Le mauvais marin est celui qui se dit « pourvu que rien ne tombe en panne ». Le bon marin, lui, s’est déjà demandé : « et si le moteur s’arrêtait ici, maintenant, que ferais-je ? ». Cette simple question, posée au calme, au port ou avant de partir, change absolument tout. Elle transforme une situation de panique potentielle en un problème technique à résoudre.
Cette anticipation n’est pas de l’anxiété, c’est du professionnalisme. Il s’agit d’exécuter mentalement la sortie avant même de larguer les amarres. Quels sont les courants ? Où sont les zones de refuge si la météo tourne plus vite que prévu ? Quel est le plan si un équipier est malade ? Penser à ces scénarios n’est pas pessimiste, c’est prendre le contrôle. Le plus grand risque en mer n’est pas l’imprévu lui-même, mais d’être surpris par un imprévu que l’on aurait pu prévoir. Le marin aguerri ne subit pas les événements, il navigue entre des scénarios qu’il a déjà préparés.
Cette préparation mentale est un réflexe qui s’acquiert. Elle consiste à visualiser les points critiques d’une navigation et à définir à l’avance des solutions. C’est un exercice simple qui ne coûte rien mais dont la valeur est inestimable en cas de coup dur. La sérénité en mer ne vient pas de l’absence de problèmes, mais de la certitude que l’on a les ressources pour y faire face.
Le gros temps n’est pas l’ennemi, l’impréparation l’est
L’imaginaire collectif est rempli d’histoires de tempêtes et de vagues scélérates. Pourtant, la dure réalité des statistiques de sauvetage est bien plus terre à terre. La plupart des drames se nouent par un temps maniable, voire clément. L’ennemi n’est pas la météo, mais ce sentiment de fausse sécurité qu’inspire une mer d’huile et un ciel bleu. C’est dans ces conditions que la vigilance se relâche, que l’on repousse une vérification « pas urgente » et que l’on tolère une petite entorse aux règles. C’est précisément là que se plante la graine de l’accident.
Une petite avarie mécanique, une inattention, une vitesse mal adaptée… Par beau temps, ces erreurs semblent anodines. Mais elles sont le premier maillon d’une chaîne d’événements qui peut mener à la catastrophe. L’effet domino est un classique de l’accidentologie maritime : une simple négligence en entraîne une autre, jusqu’au point de non-retour.
Étude de cas : l’effet domino d’une navigation nocturne mal préparée
Le rapport 2024 de la SNSM illustre parfaitement ce phénomène. Un semi-rigide percute un coffre d’amarrage près de Saint-Tropez, causant la mort du skipper et des blessures graves. L’analyse révèle une cascade d’erreurs typiques d’une sortie perçue comme « facile » : une navigation de nuit sans la préparation qu’elle exige, une vitesse inadaptée et une veille visuelle insuffisante. Cet accident démontre de manière tragique comment une série de petites négligences, chacune semblant mineure isolément, peut s’enchaîner pour créer une situation incontrôlable.

L’impréparation est un risque latent. Elle ne se voit pas, ne fait pas de bruit, mais elle attend son heure. Elle se cache dans un équipement de sécurité mal rangé, une carte non étudiée, un équipage non briefé. Le vrai danger, c’est de penser qu’on est en sécurité simplement parce que la météo est bonne. La préparation méthodique, même pour la plus courte des sorties, est le seul véritable rempart contre cet ennemi invisible.
L’iceberg de l’erreur humaine : les 5 causes cachées derrière chaque accident en mer
Lorsqu’un accident survient, on cherche souvent la cause visible, spectaculaire : la panne moteur, la vague imprévue. Mais ce ne sont que la partie émergée de l’iceberg. En dessous se cachent les véritables racines du problème : les erreurs humaines. Le bilan 2024 du SNOSAN est éloquent et montre que les secours ne chôment pas, avec 6 285 opérations de sauvetage en plaisance sur l’année. Derrière ces chiffres se cachent souvent les mêmes facteurs humains récurrents.
Ces causes profondes peuvent être regroupées en cinq catégories principales :
- La complaisance : C’est l’ennemi numéro un du plaisancier occasionnel. « Je connais le coin par cœur », « C’est juste pour une heure »… Cette familiarité engendre une baisse de la vigilance et le non-respect des procédures de base.
- La fatigue : Une journée au soleil, le bruit du moteur, le roulis… La fatigue s’installe insidieusement et affecte le jugement, le temps de réaction et la prise de décision, bien avant que l’on en ait conscience.
- Le manque de communication : Sur un bateau, l’absence d’un briefing clair où chacun connaît son rôle crée de la confusion au moment crucial. Qui fait quoi en cas d’homme à la mer ? Qui est responsable de la veille ?
- L’excès de confiance dans la technologie : S’en remettre aveuglément au GPS sans jamais jeter un œil sur une carte papier ou aux amers environnants est une erreur classique. Quand l’électronique lâche, c’est la désorientation assurée.
- L’ignorance ou la négligence de la réglementation : Beaucoup de plaisanciers ne possèdent pas l’équipement de sécurité adéquat, non par volonté de frauder, mais par simple méconnaissance des règles.
Ce qu’on relève le plus fréquemment, c’est l’absence de matériel de sécurité à bord dans 60% des cas. L’absence de permis dans une moindre mesure et puis l’absence de titre pour le navire. La tendance est à la baisse des accidents, nous avons constaté moins d’infractions et moins de décès l’an passé en mer.
– Guillaume Guerillot, chef du pôle réglementation à la DDTM du Calvados, pour France 3 Régions
Reconnaître ces facteurs est la première étape pour les combattre. Une auto-évaluation honnête de ses propres habitudes est nécessaire. La sécurité en mer commence par une bonne connaissance, non seulement de la mer, mais aussi de soi-même et de ses propres failles potentielles.
La panne stupide qui gâche tout : le kit de réparation minimum à avoir à bord
L’avarie la plus fréquente en mer n’est pas la démâtage spectaculaire, mais la petite panne technique qui aurait pu être résolue en dix minutes avec le bon outil et un peu de préparation. Le désamorçage du circuit de gasoil, un fusible qui grille, une durite qui fuit… Ces incidents mineurs, s’ils surviennent au mauvais endroit et au mauvais moment, peuvent rapidement transformer une sortie agréable en une situation de détresse. Le coût de l’impréparation n’est pas seulement sécuritaire, il est aussi financier : selon les données d’APRIL Marine, le coût moyen d’un sinistre atteint 4 200 € et peut grimper jusqu’à 8 500 € pour les talonnages, souvent conséquence d’une perte de contrôle.
La parade ne consiste pas à embarquer un atelier complet, mais à constituer une caisse à outils « intelligente », pensée pour les pannes les plus courantes sur votre bateau. L’idée est de passer d’une logique de « subir la panne » à une logique de « résoudre le problème ». Pour cela, il faut identifier les points faibles de son navire (type de moteur, circuit électrique, plomberie) et préparer un kit « problème-solution-outil ».
Avoir ces quelques outils et pièces de rechange à portée de main, et surtout, savoir comment les utiliser, est une assurance vie. Voici une base de réflexion pour constituer votre kit de réparation minimum, à adapter bien sûr à votre propre bateau :
- Pour une panne de désamorçage gasoil : Une pompe d’amorçage manuelle, une clé de purge adaptée à vos filtres et un chiffon absorbant.
- Pour un fusible grillé : Un jeu complet de fusibles de rechange, un simple testeur de circuit et, idéalement, le schéma électrique de votre bateau plastifié.
- Pour des WC bouchés : Le kit de démontage spécifique à votre modèle, quelques joints de rechange et du lubrifiant adapté pour faciliter le remontage.
- Pour une fuite d’eau de refroidissement : Un assortiment de colliers de serrage, un morceau de durite de rechange du bon diamètre et de la pâte d’étanchéité pour les situations d’urgence.
- Pour une rupture de drisse ou d’écoute : Un bout de rechange de longueur suffisante, un épissoir et un bon couteau multifonction.
La possession de ce kit ne sert à rien si vous ne vous êtes jamais entraîné à l’utiliser. Profitez d’une journée au port pour simuler une intervention. C’est cet entraînement qui vous donnera la confiance nécessaire pour agir calmement le jour J.
Le briefing sécurité qui peut sauver votre équipage (et que personne ne fait)
C’est une scène que l’on voit tous les week-ends dans les ports : un skipper pressé, des invités qui montent à bord, et la phrase fatidique « Les gilets sont là, on y va ! ». Cette absence de briefing est l’une des erreurs latentes les plus répandues et les plus dangereuses en plaisance. Considérer ses invités ou son équipage comme de simples passagers, c’est se priver de paires de bras, d’yeux et de cerveaux qui pourraient faire la différence en cas de crise. Un équipage non briefé est un équipage passif ; en cas de problème, il devient une source de stress supplémentaire plutôt qu’une aide.
Le briefing sécurité n’a pas besoin d’être long ou martial. Il s’agit simplement de prendre cinq minutes avant chaque départ pour transmettre les informations vitales. Le but est double : responsabiliser chaque personne à bord et s’assurer que les réflexes de base sont connus de tous. Un bon briefing doit être interactif : il ne s’agit pas de réciter une leçon, mais de faire manipuler, de montrer et de répondre aux questions. C’est le moment de créer un climat de confiance où chacun se sentira légitime de signaler quelque chose qui lui semble anormal.

Pour être efficace, le briefing doit être adapté au niveau de l’équipage. Un novice n’a pas besoin des mêmes informations qu’un équipier régulier. Voici une structure simple en trois niveaux que vous pouvez adopter :
- Module 3 minutes vitales (pour les novices) : Où sont les gilets de sauvetage et comment les mettre ? Quelle est la procédure de base en cas d’homme à la mer (crier, montrer du doigt, lancer une bouée) ? Comment utiliser la VHF sur le canal 16 en cas d’urgence absolue ?
- Module équipage régulier : En plus des bases, où est l’extincteur et comment s’en servir ? Où se trouvent les vannes de gaz et les passes-coques ? Quelle est la procédure de mouillage d’urgence ?
- Module culture de la sécurité : Le plus important. Encourager activement les questions, même celles qui paraissent « stupides ». Valoriser toute personne qui signale une anomalie (un bruit suspect, une odeur inhabituelle). Faire manipuler le matériel (déclencher un gilet périmé, etc.).
Ce simple rituel transforme une sortie en bateau en une opération d’équipe. Il crée une conscience collective de la sécurité et démultiplie votre capacité à faire face à l’imprévu.
Comment se repérer en mer quand toute l’électronique vous lâche
Le GPS et le lecteur de cartes sont des outils extraordinaires, mais ils ont engendré un nouveau risque : l’atrophie des compétences de navigation traditionnelles. La confiance aveugle dans un écran a rendu de nombreux plaisanciers totalement démunis face à une simple panne électrique ou une défaillance électronique. Quand l’écran devient noir, la panique n’est jamais loin. Pourtant, des solutions existent et ne demandent qu’un peu d’entraînement et de bon sens pour conserver le contrôle de sa route.
La première chose à faire face à une panne totale est de ne rien faire. C’est le principe de la méthode STOP, empruntée à la formation des pilotes d’avion : Stop (Arrêtez-vous), Take a breath (Respirez), Observe (Observez), Plan (Planifiez). Avant toute décision hâtive, il faut reprendre le contrôle mental. Ensuite, l’observation devient votre meilleur outil. Le soleil, la direction de la houle, les amers visibles sur la côte (château d’eau, clocher, antenne, éoliennes offshore) sont autant d’indices précieux. Combinés à une carte papier et un compas de relèvement, ils permettent de faire un point estimé et de maintenir un cap de sécurité vers un abri.
Les tablettes sont un complément parfait au PC sur la table à cartes. Légers, portables, intuitifs et réactifs, ils n’entrent pas en concurrence avec les PC conventionnels mais sont parfaitement complémentaires. J’utilise toujours une application avec cartes offline sur mon smartphone dans une pochette étanche avec batterie externe – c’est mon plan C le plus réaliste.
– Un navigateur expérimenté, sur Plaisance-Pratique.com
La clé est la redondance active. Avoir une carte papier à bord ne sert à rien si elle est au fond d’un coffre humide. Avoir une application de navigation sur son smartphone est une excellente idée, mais seulement si le téléphone est chargé et protégé dans une pochette étanche. Le plan B et le plan C ne sont valables que s’ils sont immédiatement opérationnels. La meilleure redondance est souvent simple et « low-tech » : un compas de relèvement, une carte détaillée de la zone dans une pochette étanche, et un smartphone chargé avec une application de cartographie offline, alimenté par une petite batterie externe.
Canal 16 : pourquoi il doit être en veille permanente (et quand vous avez le droit de l’utiliser)
La VHF est souvent perçue par le plaisancier débutant comme un appareil complexe réservé aux professionnels. Pourtant, c’est votre ligne de vie, votre lien direct et permanent avec le monde extérieur et les autres navires. La règle d’or est simple : en navigation, la VHF doit être allumée et en veille permanente sur le canal 16. Ce n’est pas une option, c’est une obligation de bon sens marin. C’est le seul moyen d’entendre un appel de détresse à proximité et potentiellement d’être le premier maillon de la chaîne des secours. C’est aussi le moyen pour les secours (CROSS) de vous contacter directement en cas de besoin.
Cependant, le canal 16 est une ressource critique qui doit être utilisée avec rigueur. Il n’est pas destiné aux conversations de routine (« l’apéro est prêt, tu viens ? »). Son usage est strictement réservé aux communications relatives à la sécurité. On distingue trois types d’appels :
- MAYDAY : Pour une situation de détresse grave et imminente, où une vie humaine est en danger (navire en train de sombrer, incendie incontrôlable, homme à la mer non retrouvé).
- PAN-PAN (prononcé « panne-panne ») : Pour une situation d’urgence qui ne met pas (encore) de vie en danger imminent, mais qui nécessite une assistance (avarie de gouvernail, panne moteur sans danger immédiat, blessé à bord).
- SÉCURITÉ : Pour diffuser un message important pour la sécurité de la navigation (observation d’un container à la dérive, d’un feu éteint, conditions météo dangereuses non prévues).
Pour toute autre communication (demande de place au port, contact avec un autre bateau), la procédure est d’établir le contact sur le 16 (« Sémaphore de la Hève, ici voilier Atao Atao sur le seize ») puis de basculer immédiatement sur un canal de travail (ex: 09, 72, 77) pour ne pas encombrer la fréquence d’urgence. De plus, il est bon de savoir que la réglementation peut évoluer selon les eaux dans lesquelles vous naviguez.
Dans certains cas, la détention d’un certificat radio VHF peut être exigée, notamment en Croatie ou en Grèce, pour pouvoir communiquer efficacement en mer.
– Nicolas Cargou, ActuNautique
Maîtriser ces quelques règles simples fait de la VHF un allié puissant. L’ignorer, c’est se couper du monde et naviguer en solitaire, même au milieu d’autres bateaux.
À retenir
- La sécurité en mer est une culture de l’anticipation, pas une réaction à la crise. La préparation mentale prime sur l’équipement.
- Le vrai danger n’est pas le gros temps, mais la complaisance par beau temps qui mène à une cascade d’erreurs évitables.
- Votre équipement de sécurité est inutile s’il reste dans son emballage. Une familiarisation active et régulière est la clé de son efficacité.
Votre équipement de sécurité : des objets inutiles qui prennent la poussière ou vos meilleurs alliés en cas de crise ?
Le coffre de cockpit de nombreux bateaux de plaisance ressemble à un musée de la sécurité : des gilets sous plastique, des fusées dont la date de péremption est un lointain souvenir, un extincteur dont on ne sait même pas vérifier la pression. Cet équipement, pourtant vital, est souvent perçu comme une contrainte réglementaire et non comme une boîte à outils pour la survie. Les chiffres de la préfecture maritime Manche-Mer du Nord le confirment : avec 916 opérations de sauvetage entre mai et septembre 2025, soit une hausse de 27%, l’impréparation reste un facteur majeur d’accidents.
La seule possession de l’équipement ne garantit aucune sécurité. La véritable sécurité naît de la familiarité avec cet équipement. Savez-vous enfiler votre gilet de sauvetage en moins de 30 secondes, dans le noir, d’une seule main ? Avez-vous déjà retiré la goupille d’un extincteur ? Savez-vous où se trouve le couteau destiné à couper un cordage pris dans l’hélice ? Si la réponse à l’une de ces questions est « non » ou « je ne suis pas sûr », alors votre équipement est un poids mort.
Il est impératif de passer d’une possession passive à une maîtrise active. Cela passe par un rituel simple mais fondamental : une session annuelle de familiarisation. Loin d’être une corvée, c’est l’occasion de transformer le doute en confiance et de rendre votre matériel réellement opérationnel le jour où vous en aurez besoin.
Votre plan d’action pour un audit annuel de votre équipement
- Session au port : Planifiez une session annuelle pour tester physiquement l’équipement périmé (avant de le remplacer).
- Test des gilets : Prenez un gilet dont la cartouche est périmée et percutez-la. Comprenez le mécanisme, le bruit, le temps de gonflage.
- Test des feux : Dans un environnement sécurisé et en respectant les précautions d’usage (loin de toute matière inflammable, avec un seau d’eau à proximité), allumez un fumigène ou un feu à main périmé pour vous familiariser avec son fonctionnement.
- Chronométrage d’accès : Lancez un chronomètre et mesurez le temps qu’il vous faut pour accéder à chaque équipement vital (gilets, bouée, extincteur, VHF portable). L’objectif est de passer sous les 15 secondes pour chaque élément.
- Optimisation du rangement : À l’issue de ces tests, notez les difficultés rencontrées (accès difficile, manipulation complexe) et réorganisez le rangement de votre matériel pour qu’il soit logique et instantanément accessible.
Cet audit annuel transforme votre rapport à la sécurité. L’équipement n’est plus un objet étranger, mais une extension de vos compétences. C’est cette connaissance intime de vos outils qui vous donnera le calme et l’efficacité nécessaires pour gérer une crise.
Questions fréquentes sur l’utilisation de la VHF en mer
Quand puis-je utiliser le canal 16 ?
Le canal 16 est réservé aux appels de détresse (Mayday), d’urgence (Pan-Pan) et de sécurité (Sécurité). Pour les communications de routine, établissez le contact sur le 16 puis basculez sur un canal de travail.
Dois-je laisser ma VHF allumée en permanence ?
Oui, la veille du canal 16 doit être permanente en navigation. C’est votre lien vital avec les secours et les autres navires. Vous pourriez entendre un appel de détresse et être le seul à pouvoir intervenir.
Comment formuler correctement un appel ?
Commencez par le type d’appel (Mayday, Pan-Pan ou Sécurité), répétez 3 fois, donnez votre indicatif, position, nature du problème et nombre de personnes à bord. Parlez lentement et distinctement.