
Contrairement à une idée reçue, la VHF n’est pas une technologie dépassée, mais le seul véritable réseau social de la sécurité en mer, conçu pour être fiable là où votre smartphone vous abandonne.
- Sa performance repose sur les lois de la physique (portée optique), pas sur une infrastructure cellulaire commerciale et faillible au large.
- Elle crée un filet de sécurité collectif : un message de détresse est entendu par tous les navires alentour, et non par un seul interlocuteur.
Recommandation : Arrêtez de la voir comme une contrainte réglementaire. Apprenez à maîtriser votre VHF comme l’outil de communication le plus robuste et le plus intelligent de votre tableau de bord.
L’angoisse est familière : quelques milles au large, les barres de réseau du smartphone chutent une à une, jusqu’à l’inéluctable « Aucun service ». Votre lien vital avec le monde terrestre, cet appareil qui centralise tout, devient une brique inutile. Le réflexe est de pester contre son opérateur. Pourtant, le problème n’est pas la performance de votre téléphone, mais la nature même du réseau cellulaire, conçu pour une couverture terrestre et non maritime. Pour le jeune plaisancier habitué à l’instantanéité du tout-connecté, la radio VHF peut sembler être une relique complexe et intimidante, un appareil réservé aux vieux loups de mer ou aux professionnels.
Cette perception, bien que compréhensible, est fondamentalement erronée. La véritable clé n’est pas de chercher à étendre un réseau terrestre fragile en mer, mais de comprendre et d’adopter un système de communication pensé pour la mer. La VHF n’est pas qu’une simple radio ; c’est un système de communication « un-vers-tous », un protocole fondé sur la robustesse et la simplicité des ondes radio, créant un véritable réseau social de la sécurité et de l’entraide. Sa fiabilité ne dépend pas d’une antenne relais à terre, mais des lois de la physique et d’une discipline partagée par tous les usagers.
Cet article n’est pas un manuel réglementaire de plus. C’est un guide pour l’ingénieur qui sommeille en chaque marin. Nous allons décortiquer la logique derrière la VHF pour vous démontrer pourquoi elle est, et restera, l’outil de communication le plus intelligent à bord. De la physique de sa portée à l’efficacité redoutable de son « bouton rouge », vous découvrirez comment cet appareil que vous pensiez désuet est en réalité le réseau le plus performant quand vous en avez vraiment besoin.
Pour illustrer la fiabilité intemporelle, voici un classique qui, tout comme une VHF bien utilisée, ne vous laissera jamais tomber. Une simple pause musicale avant de plonger dans les détails techniques de la communication en mer.
Pour naviguer sereinement à travers les principes et les pratiques de la communication marine, cet article est structuré pour vous guider pas à pas, du concept le plus fondamental aux astuces les plus pratiques. Voici le détail de notre exploration.
Sommaire : Maîtriser la communication en mer, votre assurance-vie au-delà du réseau cellulaire
- Comment fonctionne une VHF ? Les bases pour comprendre pourquoi elle n’a pas la même portée qu’un téléphone
- Alpha, Bravo, Charlie : pourquoi l’alphabet radio n’est pas un caprice de militaires
- La « netiquette » de la VHF : les règles de politesse pour ne pas exaspérer les autres usagers
- Comment appeler un autre bateau à la VHF sans passer pour un débutant
- L’ASN : la fonction de votre VHF que vous ne connaissez pas et qui peut vous sauver
- Canal 16 : pourquoi il doit être en veille permanente (et quand vous avez le droit de l’utiliser)
- Les 10 signes de la main qui remplaceront 90% de vos cris au port
- La communication en mer : bien plus qu’une radio, votre lien vital avec la terre et les autres navires
Comment fonctionne une VHF ? Les bases pour comprendre pourquoi elle n’a pas la même portée qu’un téléphone
La différence fondamentale entre une VHF et un smartphone se résume à un principe physique simple : la propagation des ondes. Un téléphone mobile dépend d’un réseau maillé d’antennes relais terrestres ; si aucune antenne n’est « en vue », la communication est coupée. Une analyse détaillée montre que cette couverture devient très incertaine dès 3 milles des côtes. La VHF, elle, fonctionne principalement en « portée optique », c’est-à-dire que la communication est possible entre deux antennes qui peuvent « se voir » en ligne droite, sans obstacle. C’est la courbure de la Terre qui constitue le principal obstacle.
C’est pour cette raison que la hauteur de l’antenne est le facteur le plus critique pour la portée. Une antenne de VHF portable tenue à 1,5 mètre au-dessus de l’eau aura une portée théorique d’environ 5 milles. Une antenne de VHF fixe, installée en tête de mât d’un voilier à 15 mètres de hauteur, pourra communiquer avec une station côtière dont l’antenne est à 30 mètres jusqu’à une distance de 20 à 25 milles. C’est une robustesse par la simplicité : pas besoin d’une infrastructure complexe, juste de la physique. Cette propagation directe explique aussi pourquoi le mauvais temps (pluie, brouillard) affecte peu la qualité de la communication, contrairement aux ondes de très haute fréquence de la 5G.

Ce schéma illustre parfaitement le concept de portée optique limitée par la rotondité de la Terre. Le choix entre une VHF portable, pratique pour un usage en annexe ou dans le cockpit, et une VHF fixe, plus puissante et obligatoire au-delà de 6 milles d’un abri, dépend donc directement de votre programme de navigation.
Pour mieux visualiser les différences techniques, ce tableau comparatif résume les caractéristiques clés des deux types d’appareils, comme le détaille une analyse des équipements disponibles.
| Caractéristique | VHF Portable | VHF Fixe |
|---|---|---|
| Puissance maximale | 6 watts | 25 watts |
| Portée typique | 8 milles maximum | 20 à 25 milles |
| Autonomie | 5 à 8 heures sur batterie | Alimentation continue bateau |
| Position antenne | Hauteur limitée (main) | Tête de mât (voilier) ou timonerie |
| Obligation réglementaire | Non (si ≤6W sans ASN) | Oui au-delà de 6 milles |
Alpha, Bravo, Charlie : pourquoi l’alphabet radio n’est pas un caprice de militaires
Épeler le nom de son bateau « DELTA PAPA » au lieu de « DP » peut sembler être une affectation superflue, un jargon hérité du monde militaire. En réalité, c’est une solution ingénieuse à un problème physique bien réel : la fidélité de la transmission. Le signal radio, surtout sur de longues distances ou par météo agitée, peut être affecté par des parasites (le « bruit »). Les consonnes courtes et sifflantes comme F, S, T, ou B, P, D sont particulièrement vulnérables et peuvent être facilement confondues à la réception. L’alphabet phonétique international n’est donc pas une règle de style, mais un protocole de fiabilisation de l’information.
Chaque mot (Alpha, Bravo, Charlie…) a été choisi spécifiquement pour sa structure phonétique distincte, le rendant reconnaissable même dans des conditions d’écoute difficiles et ce, quelle que soit la langue ou l’accent de l’interlocuteur. C’est un standard universel qui garantit que l’information critique, comme l’identification d’un navire, est transmise sans erreur.
L’alphabet phonétique international permet d’améliorer la compréhension des mots transmis par VHF dans n’importe quel pays. Un plaisancier témoigne : lors d’une avarie moteur près des côtes bretonnes par gros temps, l’épellation phonétique du nom de son bateau ‘DELTA PAPA’ au lieu de ‘DP’ a permis aux secours de l’identifier immédiatement malgré une réception parasitée, évitant toute confusion avec un autre navire ‘TB’ présent dans la zone.
– Témoignage rapporté par Digischool
Loin d’être une barrière, maîtriser cet alphabet est une marque de compétence et de respect envers ses interlocuteurs. C’est l’assurance d’être compris du premier coup, ce qui peut s’avérer crucial en situation d’urgence. Pour le mémoriser sans effort, une approche progressive est la plus efficace.
Votre plan d’action : Maîtriser l’alphabet radio
- Commencez par apprendre uniquement les lettres de votre nom de bateau et de votre numéro d’immatriculation.
- Pratiquez l’épellation lors d’appels d’essai sur les canaux simplex (par exemple, 06, 08, 72 ou 77, après vérification qu’ils sont libres).
- Mémorisez les lettres critiques souvent confondues à l’oreille : B (Bravo) / P (Papa), D (Delta) / T (Tango), M (Mike) / N (November).
- Entraînez-vous dans des conditions réelles avec du bruit ambiant (moteur allumé, vent) pour tester votre diction.
- Écoutez activement les communications sur le canal 16 pour habituer votre oreille aux différents accents et à la cadence des professionnels.
La « netiquette » de la VHF : les règles de politesse pour ne pas exaspérer les autres usagers
Les ondes VHF sont une ressource limitée et partagée. Contrairement à une conversation téléphonique privée, chaque émission sur un canal public est entendue par tous les bateaux à portée. Utiliser une VHF, c’est un peu comme prendre la parole dans un amphithéâtre : il faut être clair, concis et pertinent. Cette « discipline de l’éther », ou « netiquette », n’est pas qu’une question de bonnes manières ; c’est une nécessité pour garantir que le réseau reste disponible pour les communications importantes, notamment la sécurité et les urgences.
Le principe fondamental est simple : ne monopolisez pas la fréquence. Les conversations personnelles ou les discussions prolongées (« salon de thé ») n’ont pas leur place sur les canaux de travail ou, pire encore, sur le canal 16. La règle d’or est d’être bref et d’aller droit au but. Avant même d’appuyer sur le bouton d’émission, il est impératif d’écouter le canal pendant au moins 30 secondes pour s’assurer qu’aucune conversation n’est en cours. Interrompre une communication, surtout si elle concerne la sécurité, est l’une des fautes les plus graves.

Cette attitude d’écoute attentive est le pilier de la communication en mer. Elle témoigne du respect pour les autres usagers et assure la fluidité des échanges. Pour éviter les erreurs de débutant qui peuvent irriter les marins et les professionnels, voici une liste des comportements à proscrire :
- Ne jamais faire de tests radio sur le canal 16. C’est le canal d’appel et de détresse. Pour vérifier le bon fonctionnement de votre radio, appelez la capitainerie sur le canal 09 ou utilisez un canal simplex (06, 08, 72, 77) pour un bref appel à un autre bateau.
- Éviter les conversations personnelles sur les canaux de travail. Après un bref contact sur le canal 16, basculez immédiatement sur un canal de dégagement (simplex) pour votre conversation.
- Ne pas oublier d’écouter avant d’émettre. Cela évite de couper brutalement une communication en cours, ce qui est à la fois impoli et potentiellement dangereux.
- Ne jamais laisser le micro déclenché accidentellement. Un micro bloqué en position d’émission sur le canal 16 peut paralyser toutes les communications de secours dans une vaste zone. Vérifiez toujours après avoir parlé.
Comment appeler un autre bateau à la VHF sans passer pour un débutant
La peur d’appuyer sur le bouton et de mal faire paralyse de nombreux plaisanciers. Pourtant, la procédure d’appel VHF est très structurée et logique, conçue pour être efficace et sans ambiguïté. Le secret est de suivre un script simple et de respecter la hiérarchie des canaux. Le canal 16 sert à l’appel initial et à la sécurité ; le canal 09 est dédié aux capitaineries ; les autres canaux servent aux communications « navire-à-navire ». La règle est simple : « On appelle sur un canal public, on cause sur un canal privé » (un canal de dégagement).
La structure d’un appel standard est toujours la même : « NOM DE L’APPELÉ (x3), ici NOM DE L’APPELANT (x3) ». Répéter trois fois le nom garantit que l’interlocuteur vous identifie clairement, même si le début de votre transmission est manqué. Une fois le contact établi, vous proposez immédiatement de basculer sur un canal de dégagement (par exemple : « passons sur le 72 »). Cette procédure permet de libérer très vite le canal d’appel pour d’autres usagers.
Savoir utiliser le bon canal et le bon script pour chaque situation est la marque d’un marin compétent. Pour vous aider, voici un tableau récapitulant les procédures pour les situations les plus courantes, basé sur les bonnes pratiques de la communication marine.
| Situation | Script d’appel | Canal à utiliser |
|---|---|---|
| Contacter une capitainerie | ‘Port de [nom], Port de [nom], Port de [nom], ici [votre bateau] (x3), sur canal 09, terminé’ | Canal 09 |
| Appeler un bateau ami | ‘[Nom bateau] (x3), ici [votre bateau] (x3), sur le canal 16, terminé.’ (Attendre la réponse, puis 🙂 ‘Reçu, passons sur le [canal 72 ou 77], terminé’ | 16 puis canal de dégagement |
| Signaler un danger non-imminent | ‘Sécurité, Sécurité, Sécurité, pour tous les navires (x3), ici [votre bateau]. [Description danger et position]. Terminé’ | Canal 16 |
Le mot « terminé » à la fin de chaque transmission est crucial : il signifie que vous avez fini de parler et que vous passez en mode écoute, rendant le micro à votre interlocuteur. C’est l’équivalent de « à vous » dans une conversation. Maîtriser ces quelques scripts simples suffit à couvrir 90% des besoins de communication en plaisance.
L’ASN : la fonction de votre VHF que vous ne connaissez pas et qui peut vous sauver
Si la communication vocale est le cœur de la VHF, l’Appel Sélectif Numérique (ASN ou DSC en anglais) en est le cerveau. Pour le plaisancier moderne, c’est la fonction la plus révolutionnaire, transformant la radio en un dispositif de sécurité intelligent et automatisé. Oubliez les procédures d’appel complexes en situation de stress : l’ASN est votre « bouton rouge ». En effet, la réglementation maritime impose que 100% des VHF fixes vendues depuis 2007 doivent obligatoirement intégrer cette fonction. Si votre radio est récente, vous disposez de cette technologie.
Étude de cas : Le système ASN, votre bouton d’urgence intelligent
L’ASN fonctionne sur un canal dédié, le 70, que votre radio surveille en permanence. En cas d’urgence grave et immédiate, une simple pression prolongée (environ 5 secondes) sur le bouton « DISTRESS » de votre VHF envoie un message de détresse numérique. Ce message, silencieux et instantané, contient trois informations vitales : votre identité unique (numéro MMSI), votre position GPS exacte (si le GPS est couplé à la VHF) et la nature du sinistre (si vous avez eu le temps de la sélectionner). Ce signal est reçu par les centres de secours (CROSS) et par tous les navires équipés de l’ASN dans un rayon de 20 à 30 milles, créant une alerte immédiate et géolocalisée. C’est un avantage immense lorsque le stress, une blessure ou le bruit ambiant rendent une communication vocale claire impossible.
Pour que ce système fonctionne, deux conditions sont impératives : votre VHF doit être reliée à un GPS, et vous devez avoir programmé votre numéro MMSI (Maritime Mobile Service Identity). Ce numéro unique à 9 chiffres, gratuit, est la plaque d’immatriculation de votre navire sur les ondes. Sans lui, votre appel de détresse ASN sera anonyme et donc beaucoup moins efficace.
Checklist essentielle : Activer votre assurance-vie numérique (MMSI)
- Demande : Faites la demande de votre numéro MMSI gratuitement sur le site de l’ANFR (Agence Nationale des Fréquences). Vous aurez besoin de votre licence de station de navire ou de l’acte de francisation.
- Réception : Vous recevrez votre MMSI (format 227XXXXXX pour la France) généralement sous 48 heures. Gardez ce numéro précieusement.
- Programmation : Entrez ce numéro dans votre VHF en suivant scrupuleusement le manuel d’utilisation. Attention, sur la plupart des modèles, vous n’avez droit qu’à une seule tentative. Une erreur nécessite un retour en usine.
- Connexion : Assurez-vous que votre VHF est bien connectée à une source GPS (interne ou externe) pour que votre position soit transmise automatiquement.
- Test (hors détresse) : Vous pouvez tester la fonction d’appel ASN (pas le bouton DISTRESS) en appelant directement le MMSI d’un autre bateau ami ou en effectuant un test de routine avec le CROSS (après les avoir prévenus par téléphone).
Canal 16 : pourquoi il doit être en veille permanente (et quand vous avez le droit de l’utiliser)
Le canal 16 (156.800 MHz) est la pierre angulaire de la sécurité en mer. C’est le seul canal que tous les navires équipés d’une VHF, du plus petit voilier au plus grand cargo, ainsi que toutes les stations côtières, sont légalement tenus de veiller en permanence. Cette veille obligatoire transforme l’océan en une communauté d’entraide. Si un navire lance un appel de détresse, il ne s’adresse pas qu’aux secours officiels, mais à des dizaines de « bons samaritains » potentiels qui se trouvent à proximité. C’est l’incarnation de l’intelligence collective en mer.
En raison de son rôle vital, l’utilisation du canal 16 est strictement hiérarchisée. Il ne doit jamais être utilisé pour des conversations banales. Son usage est réservé à trois types de messages prioritaires (Détresse, Urgence, Sécurité) et aux appels très brefs pour contacter un autre navire avant de basculer sur un autre canal. Ne pas respecter cette hiérarchie, c’est prendre le risque de couvrir un appel de détresse vital.
Ce tableau, basé sur les recommandations officielles du Ministère de la Mer, clarifie la hiérarchie absolue des communications sur ce canal sacré.
| Priorité | Type d’appel | Signal | Usage |
|---|---|---|---|
| 1 – ABSOLUE | Détresse | MAYDAY (x3) | Danger grave et imminent pour un navire ou une personne, demandant une assistance immédiate. |
| 2 – HAUTE | Urgence | PAN PAN (x3) | Situation d’urgence à bord, mais sans danger grave et imminent (ex: avarie, problème médical). |
| 3 – MOYENNE | Sécurité | SÉCURITÉ (x3) | Transmission d’une information importante pour la sécurité de la navigation (ex: débris flottant, feu éteint). |
| 4 – BASSE | Appel bref | Nom du navire (x3) | Prise de contact initiale et très courte avant de passer sur un canal de travail. |
C’est le premier support de la solidarité des gens de mer !
– Ministère de la Mer, Guide officiel sur l’utilisation de la VHF
Votre VHF dispose d’une fonction « Dual Watch » (ou « Tri-Watch ») qui vous permet de surveiller votre canal de travail tout en gardant une oreille sur le 16. Activez-la systématiquement. Participer à la veille du canal 16 n’est pas une contrainte, c’est un acte de civisme maritime.
Les 10 signes de la main qui remplaceront 90% de vos cris au port
La communication en mer ne se limite pas à la radio. Dans l’environnement bruyant et souvent stressant d’un port, où le vent et le bruit des moteurs rendent les paroles inaudibles, crier des ordres est souvent la pire des solutions. Cela augmente le stress et les risques de malentendus. Comme le souligne Romain Gindre, un spécialiste des manœuvres, une communication silencieuse et efficace est la clé du succès. Le langage gestuel est un outil d’une précision redoutable pour coordonner une manœuvre d’amarrage ou d’appareillage.
L’idée est de convenir d’un code simple avec votre équipage avant même de commencer la manœuvre. Ces signes doivent être amples, clairs et sans ambiguïté. Ils permettent de transmettre des instructions essentielles (stopper, ralentir, donner du mou) instantanément et sans ajouter à la confusion sonore. C’est l’application directe du principe fondamental de la navigation :
Une belle manœuvre se fait en silence.
– Principe fondamental de la navigation
Nul besoin d’apprendre un dictionnaire complet de signes. Une poignée de gestes de base suffit à couvrir la grande majorité des situations. Ils sont le complément parfait à une bonne préparation de manœuvre (amarres et pare-battages prêts).
Voici 5 signes essentiels pour débuter, qui transformeront vos manœuvres de port :
- Poing fermé levé vers le barreur : STOP. Signifie un arrêt immédiat de la propulsion, passage au point mort. C’est le geste d’urgence universel.
- Main ouverte, paume vers le bas, effectuant des mouvements de haut en bas : Ralentir. Demande au barreur de réduire les gaz.
- Un bras effectuant une rotation comme pour lancer un lasso : Donner du mou. Indique à l’équipier de filer de l’amarre.
- Index et pouce formant un « C », ou les deux mains s’écartant et se rapprochant : Distance restante. Indique au barreur la distance qui sépare le bateau du quai ou d’un obstacle.
- Pouce levé vers le haut : OK. Confirme que l’amarre est bien passée, que la manœuvre est terminée ou qu’une instruction a été bien comprise.
À retenir
- La VHF est un réseau physique basé sur la portée optique ; sa fiabilité dépend de la hauteur de l’antenne, pas d’un réseau commercial.
- L’ASN couplé au MMSI est votre assurance-vie numérique : un bouton unique pour une alerte de détresse géolocalisée et automatique.
- La communication efficace en mer est un écosystème : elle combine la discipline radio (écoute, concision) et la clarté de la communication non-verbale (signes de la main).
La communication en mer : bien plus qu’une radio, votre lien vital avec la terre et les autres navires
Au terme de ce parcours, il est clair que la communication en mer est un écosystème complet qui va bien au-delà de la simple utilisation d’une radio. C’est une combinaison de technologie, de procédures et, surtout, d’un état d’esprit. Réduire la VHF à une obligation réglementaire ou à un « talkie-walkie de mer » est une erreur fondamentale. C’est votre connexion la plus robuste à l’intelligence collective des gens de mer, un réseau où chaque participant est à la fois un utilisateur et un maillon de la chaîne de sécurité.
L’écosystème de communication performant repose sur trois piliers : la maîtrise de l’outil radio (VHF, ASN), le respect des protocoles (netiquette, alphabet phonétique) et la clarté de la communication non-verbale (signes de la main). En tant que jeune plaisancier, votre aisance avec la technologie est un atout. Abordez la VHF non pas comme une contrainte, mais comme un nouveau système à maîtriser, avec sa propre logique, ses propres « applications » (ASN) et son propre « réseau social » (le canal 16). Sa robustesse et sa simplicité, loin d’être des faiblesses, sont ses plus grandes forces dans un environnement où rien ne peut être laissé au hasard.
La radio marine n’est pas réservée à la compétition. C’est vraiment important aussi que les personnes qui en font en loisirs l’été en vacances aient un matériel fiable. Une radio est importante pour veiller à la météorologie, envoyer un message d’alerte en cas de problème et surveiller le canal 16.
– Jennifer Menard, Championne de France de jet ski
En intégrant ces outils et ces réflexes, vous ne faites pas que vous conformer à une règle ; vous devenez un membre actif et compétent de la communauté maritime, capable d’assurer votre propre sécurité et de participer à celle des autres.
L’étape suivante est donc claire : ne plus subir votre VHF, mais l’explorer. Prenez le temps de lire son manuel, de programmer votre MMSI et de vous entraîner aux appels de routine. C’est en la pratiquant que vous transformerez cet appareil intimidant en votre allié le plus fiable en mer.